Des livres pour l'été - Ce n'est pas mon chapeau | Les libraires indépendants de Lorraine

13 août 2013

Des livres pour l'été - Ce n'est pas mon chapeau

Pour pimenter vos séances bien méritées de farniente, les libraires indépendantes de Lorraine vous proposent quelques-uns de leurs coups de cœur. A consommer sans modération ! 

Ce n'est pas mon chapeau, de Jon Klassen (éd. Milan). 

RésuméUn minuscule poisson vole le minuscule chapeau d'un très gros poisson. Il file se cacher là où personne, jamais, ne pourra le trouver. Mais rien ne se passe tout à fait comme prévu.Une aventure sous forme de course poursuite où l'humour jaillit du décalage entre le texte et l'image.L'auteur manie avec brio l'art du cartoon et ses images, pourtant très simple en apparence, semblent s'animer. Tout le plaisir vient d'une ironie dramatique où le lecteur, en sait toujours plus que le poisson-voleur-narrateur. Ce décalage a un effet à la fois comique et tragique jubilatoire.

Le mot de l'équipe de L'Autre rive (Nancy)Le premier album de Jon Klassen publié en France, Je veux mon chapeau (éditions Milan, 2012), illustrait brillamment le principe du « Qui s’excuse s’accuse », et il contenait déjà une bonne dose d’humour noir. Ce n’est pas mon chapeau est le deuxième album qui nous arrive de ce jeune auteur canadien (Milan, janvier 2013). Il met en scène un mignon petit poisson qui a dérobé à un gros poisson taciturne le chapeau melon que celui-ci portait sur sa « tête ». Le petit se dirige vers un endroit qu’il croit connu de lui seul, pour s’y mettre à l’abri. Hélas ! ni son audace, ni sa ruse, ne le préserveront des représailles du gros.
Tout au long des pages, le petit poisson est seul à parler. Il est très satisfait du larcin qu’il a commis, même s’il affirme que voler un chapeau « ce n’est pas bien ». À deux reprises, ce gentil personnage s’adresse au lecteur directement, en le tutoyant, comme un ami. Parallèlement à ce monologue candide du petit, le déplacement du gros poisson nous est montré par de grandes images horizontales, et nous assistons à une série de mouvements minimalistes qui contredisent point par point les affirmations énoncées dans le texte. Après le drame, les trois dernières images, dont chacune emplit sa double page, ne sont plus surmontées de la moindre bande de texte, ce qui est l’équivalent d’un silence lourd de sous-entendus.
Cet album permettra aux enfants de découvrir l’humour pince-sans-rire des Anglo-Saxons. Dès quatre ans, ils apprécieront la subtilité des changements qui affectent les expressions des personnages.
De quoi sont faites ces images, qui ne sont ni tout à fait dessinées, ni tout à fait peintes ? De collages et d’incrustations numériques, dirait-on. La chair des personnages, les paysages dans lesquels ceux-ci évoluent, sont traités par des découpages et des superpositions, et l’auteur s’efforce de suggérer l’aspect de tel matériau en découpant sa forme dans la photographie de tel autre… Du sampling graphique, en somme.